LES MALADIES CARDIAQUES SONT LA PREMIÈRE CAUSE DE DÉCÈS EN FRANCE
Contrairement aux idées reçues, l’insuffisance cardiaque n’est pas qu’une maladie des personnes âgées, chronique, sans traitement, limitée au cœur, toujours grave. Elle peut aussi être une maladie de l’enfant, de la femme jeune dans les suites de couches, une urgence vitale (œdème aigu pulmonaire, mort subite), une maladie infectieuse grave mais susceptible de guérison (myocardite), une maladie génétique et familiale, une maladie de l’alimentation (alcool, consommation excessive de sodium, déficit vitaminique…), une maladie à l’arsenal thérapeutique extraordinairement développé.
Et le sel fait partie des facteurs aggravants
La production croissante d’aliments transformés toujours plus nombreux, l’urbanisation rapide et l’évolution des modes de vie modifient en profondeur nos habitudes alimentaires. Les populations du monde entier consomment des aliments plus riches en énergie notamment en graisses saturées, en sucre mais aussi en sel. Ce dernier étant le meilleur conservateur des aliments à température ambiante permet de conserver plusieurs semaines certains aliments (charcuterie et fromages). Celui-ci est aussi la principale source de sodium dont la consommation accrue favorise l’hypertension et accroit le risque de cardiopathies, dont les poussées aigues d’insuffisance cardiaque, et les accidents vasculaires cérébraux.
Dans le même temps, dans le cadre du changement de leurs habitudes alimentaires, les individus consomment moins de fruits, de légumes et de fibres, qui sont les éléments clés d’une alimentation saine et équilibrée. Les fruits et les légumes contiennent du potassium qui contribue à faire baisser la tension artérielle.
Dans l’alimentation, le sel provient des aliments transformés, soit parce qu’ils sont riches en sel en soi (plats préparés, viandes transformées comme les charcuteries, les fromages, les produits apéritifs, les nouilles instantanées, etc…), soit parce qu’ils sont consommés en quantités importantes (comme le pain et les produits céréaliers transformés). Les deux pouvant s’ajouter sous la forme d’une assiette de charcuterie, d’un plateau de fromages accompagnés de beurre salé.
Le sel peut être également ajouté en cours de cuisson (sous forme de bouillon ou de bouillon cubes) ou sur la table (sel de table, sauce soja, sauce de poisson…)
La forte consommation de sodium, soit > 2 grammes/jour, l’équivalent de 5 grammes de sel par jour et l’absorption insuffisante de Potassium (moins de 3,5 grammes par jour) contribuent à l’hypertension artérielle et à un risque accru de maladies cardiovasculaires dont l’insuffisance cardiaque.
La plupart des individus, souvent sans s’en rendre compte, consomment des quantités de sel trop importantes, de 9 à 12 grammes par jour en moyenne, avec des possibilités pour certains d’atteindre les 20 g soit deux à 5 fois l’apport maximum recommandé.
A l’inverse, une consommation de sel de moins de 5 grammes par jour contribue à faire baisser la tension artérielle de 0,5 à 1 point et le risque de maladies cardiovasculaires, d’accident vasculaire cérébral et d’infarctus du myocarde.
Réduire sa consommation n’est cependant aussi simple que cela. En effet, avec le temps, comme avec d’autres toxiques comme le tabac et l’alcool, il existe une accoutumance au sel qui conduit inconsciemment à maintenir des apports élevés en sel. De plus notre relation au sel est en lien direct avec la vie.
Comment réduire le sel dans son alimentation ?
A son domicile, on peut réduire la consommation de sel en respectant quelques règles simples:
- Ne pas ajouter du sel à la préparation des aliments et en y substituant des aromates (Thym, laurier, citron, …)
- Ne pas mettre la salière sur la table car les quantités versées dans l’assiette sont directement ingérées
- Manger des produits frais ou conservés par congélation ce qui évite l’utilisation du sel qui reste le meilleur conservateur à température ambiante
- Limiter la consommation des aliments de grignotage salés pris notamment lors de l’apéritif; en les substituant par des tomates cerises ou autres radis…
- Lors de l’achat de produits, choisir des produits pauvres en sodium, sur la base des étiquettes.
- Prendre conscience de la teneur en sel des aliments transformés et préparés industriellement .
- 1 gramme de sodium correspond à 2,5 grammes de sel
Avoir conscience qu’à l’extérieur, que ce soit au restaurant ou chez des amis, les quantités de sel ingérées sont en règle générale importantes car dépendantes des habitudes de préparation d’autres.
Il existe par ailleurs un certain nombre d’idées fausses sur la réduction du sel :
«Par temps chaud et humide, quand on transpire, on a besoin de plus de sel dans son alimentation.» La sueur contient peu de sel et il n’y a donc pas besoin d’en rajouter quand les journées sont chaudes et humides. Il est cependant important de boire beaucoup. L’addition de sel n’est utile que pour des chaleurs extrêmes ou la sudation est très importante
«Le sel de mer n’est pas “meilleur” que le sel raffiné du simple fait qu’il soit “naturel”.» Quelle que soit l’origine du sel, c’est le sodium qui est responsable des problèmes de santé.
«Le sel ajouté pendant la cuisson est la principale source des apports en sel.» Dans de nombreux pays, environ 80% de sel dans l’alimentation provient des aliments transformés.
«Il n’y a pas besoin de sel pour que la nourriture ait du goût.» L’ajustement des papilles gustatives prend environ 3 semaines, quand on s’habitue à ce qu’il y ait moins de sel, on apprécie davantage la nourriture et on remarque une gamme plus étendue de saveurs. Le sel peut aussi être avantageusement substitué par des aromates fins.
«La nourriture sans sel n’a pas de goût.» C’est peut-être vrai au début, mais les papilles gustatives s’habituant à la diminution de sel, il est probable que vous finissiez par apprécier les aliments et leur trouver plus de saveur.
«Les aliments riches en sel ont un goût salé.» Certains aliments riches en sel ne paraissent pas si salés parce qu’on leur ajoute parfois d’autres ingrédients, comme des sucres, pour masquer le goût. Il est important de lire les étiquettes pour connaître les teneurs en sel.
«Seules les personnes âgées doivent s’inquiéter de la quantité de sel qu’elles consomment.» S’il est vrai qu’avec l’âge, l’élimination du sel se fait moins bien par les reins, le fait de consommer trop de sel augmente la tension artérielle à n’importe quel âge.
«La diminution du sel pourrait être nocive pour ma santé.» Il est très difficile de consommer trop peu de sel, tant il est présent dans une grande quantité d’aliments de la vie quotidienne.
Cinq messages clés :
- Le sel est indispensable à la vie.
- Dans le monde moderne, la consommation de sel est trop importante
- L’excès de sel conduit aux maladies cardiovasculaires
- Réduire sa consommation de sel est possible moyennant quelques précautions
La salière est interdite sur la table.
Sources: OMS, Fédécardio, Doctissimo
Article rédigé par Valérie Muller et Luc Hittinger